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sous le regard d'autrui

Posté : sam. août 30, 2014 7:12 pm
par viator
À l'origine de l'existence de quelque chose, dit cette carte du V, est la valeur qu'on lui a donnée. Mais le sens commun ne dirait-il pas plutôt l'inverse ? ? Quelque chose existe, à quoi je donne ou non, mais après coup, de la valeur.

Existerais-je cependant, si je n'étais perçu et considéré par personne ? N'est-ce pas parce que tu me vois comme un autre toi-même que j'existe en tant que moi-même ? La valeur que tu me donnes ne précède-t-elle pas mon existence ? Le "moi" est ainsi, fondamentalement, un être relié. Sans le regard des autres, il n'est pas.

Re: sous le regard d'autrui

Posté : ven. sept. 05, 2014 8:09 pm
par marion
Tout à fait d'accord avec toi, cher Viator. Sans le regard des autres, je ne suis pas.
Mais quel est ce "moi", indiqué entre guillemets ? Avec la non-dualité, "moi" et "l'autre" n'ont-ils pas disparu ?

Re: sous le regard d'autrui

Posté : jeu. sept. 18, 2014 9:18 pm
par viator
Bonne question, chère Marion, et merci de ta fidélité !
(une panne d'ordinateur m'a empêché de voir ton message plus tôt...)
Peut-être faut-il passer par l'intime ressenti de cette reliance entre "moi" et "l'autre" pour voir leur distinction disparaître? L'amour entre deux êtres différents, autrement dit, est peut-être le chemin qui mène à la disparition de leurs différences...

Re: sous le regard d'autrui

Posté : dim. sept. 21, 2014 7:39 pm
par marion
je ne comprends pas vraiment ta réponse, cher Viator...
Sauf si l'expérience de ressenti intime que tu nommes sans la décrire dépasse l'entendement et désespère le mental rationnel qui voudrait que un plus un donne deux et pas un.

Re: sous le regard d'autrui

Posté : jeu. oct. 02, 2014 5:36 am
par viator
Oui, c'est exactement cela, je pense que tu as parfaitement compris, chère Marion?

L'arithmétique de l'amour est en effet singulière (c'est le cas de le dire !) : lorsque je suis en lien profond avec quelqu'un d'autre, cette impression d'être deux personnes séparées disparaît bientôt, le un plus le un a donné, non pas les deux individus qui se sont rapprochés, mais le un de la relation elle-même, où chaque membre de la relation s'est comme englouti dans celle-ci. C'est une expérience qui je crois est assez commune, même si elle ne dure pas forcément : toute la mécanique de mes arrières pensées (ce qui constitue mon "moi" inauthentique) ne s'arrête-t-elle pas lorsque s'est établi un contact vrai avec quelqu'un d'autre, lorsque je l'écoute avec attention notamment, ou lorsque je lui parle de quelque chose qui l'intéresse profondément ? C'est souvent beaucoup plus facile à vivre avec des enfants, ou avec certaines vieilles personnes... Vois-tu ce que je veux dire ? Ne l'as-tu jamais expérimenté ?

Seul, je n'existe pas. Mon existence ne commence qu'à partir du moment où je suis pris dans une relation bienveillante avec quelqu'un d'autre. Mais cette même relation tend à dissoudre ce "je"...

Mon existence est ainsi apparaissante - disparaissante, et cela grâce à autrui. Sans lui, je serais un pur néant, au mieux, une mécanique vide.