Si on avait le bonheur, on aurait tout le reste : peu d’argent peut-être, peu de santé, peu d’amour… mais toujours assez. Le bonheur suffit. Et si le bonheur manque, le reste n’est jamais suffisant. Quelle est donc la voie qui mène au bonheur, si rien n’est en commun avec lui ?

Suffisez-vous de l’argent, de la santé, de l’amour que vous avez : cela est le bonheur. Voilà qui est bien parlé — sauf que c’est précisément le bonheur qui rend cet argent, cette santé, cet amour suffisants. Pour trouver le bonheur, il faudrait déjà l’avoir trouvé ! Comment enclencher le processus ? Comment entrer dans le cercle heureux du bonheur ? Le processus s’enclenchera tout seul, sans même que le voyageur s’en aperçoive. Un jour, au détour d’un chemin, le voyageur sera déjà entré dans le cercle.

Ce qu’il peut faire dès maintenant, c’est se préparer, en méditant ces deux préceptes :

- le premier : ne te soucie que de ton bonheur — qu’en cela se condense toute ton activité. Chaque moment que tu vis, quoi que tu fasses, agis en visant toujours le bonheur que ce moment, que cette action t’apportent. Considère bien tout, et élabore le meilleur alliage : bonheur de ton corps, bonheur de tes impressions, bonheur de tes pensées, bonheur de tes émotions, bonheur de ta conscience… Plus tard, c’est ton bonheur qui ne se souciera que de toi.

- le second : seul est bien ce qui t’apporte le bonheur — qu’à cela se résume toute ta morale. Mais reste attentif, et élabore bien : ce qui t’apporte le bonheur aujourd’hui ne le fera peut-être plus demain, ne le faisait peut-être pas hier… Plus tard, seul ton bonheur apportera le bien.

Note surtout : le bonheur est d’une discrétion extrême. La plupart du temps, il est déjà là, et le voyageur ne s’en est pas aperçu.

Dès qu’il s’en aperçoit, sa lumière paisible se répand sur tous ceux qui l’entourent.